Sous la pression du peuple, le clan Bouteflika est contraint de reculer… pour mieux sauter ? La société algérienne réclame d’autres choix

Algérie

Sous la pression du peuple le clan Bouteflika est contraint de reculer…Pour mieux sauter ? La société algérienne réclame d’autres choix.

Il renonce ! Après plusieurs semaines de manifestations inédites contre sa 5e candidature à l’élection présidentielle, le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a annoncé, lundi 11 mars, qu’il renonçait à se présenter et le report du scrutin présidentiel, prévu le 18 avril. Un remaniement gouvernemental a également eu lieu. Dans un message à la Nation, le vieillard impotent, affaibli par la maladie au point de ne pouvoir quasiment plus s’exprimer, a précisé, dans sa lettre, que la présidentielle aura lieu « dans le prolongement d’une conférence nationale » chargée de réformer le système politique et d’élaborer un projet de Constitution d’ici fin 2019.

Le pouvoir a craqué sous la pression pacifique et responsable de la rue et alors que l’armée, après plusieurs jours de valse-hésitation, se tient, pour le moment, par la voix de son commandant en chef, dans une bienveillante attitude.

Résultat de plusieurs semaines de mobilisation des jeunes et des anciens, des hommes et des femmes -voilées et non voilées- unis dans les mêmes cortèges, des ouvriers, des cadres et des journalistes, des avocats, la nouvelle du recul provisoire du clan Bouteflika, s’est très vite répandue. Les rues d’Alger et des grandes villes du pays se sont remplies d’une foule hétéroclite en liesse mais également consciente du chemin qu’il reste à parcourir. D’ailleurs, à l’heure où nous écrivons ces lignes des manifestations se poursuivent. Beaucoup craignent une tentative de reprise en main du pouvoir. Les étudiants sont de nouveau dans la rue pour dénoncer une « ruse » de Bouteflika… Reculer pour mieux sauter en quelque sorte. Car l’expiration de son mandat, n’interviendra que le 28 avril 2019. « En reportant l’élection, Bouteflika prolonge son mandat le temps d’organiser sa sortie et la préservation du pouvoir de son clan » accusent les algériens.

L’opposition, quant à elle, semble toujours aussi divisée et incapable d’apporter des solutions. Si le boycott de la conférence nationale est envisagé par certains, aucune stratégie ne se dégage pour mener l’Algérie sur le chemin d’un quelconque renouveau. D’ailleurs, les principaux opposants sont tous d’anciens caciques du pouvoir, ministres ou ex qui cherchent à se recycler ! Alors attention, l’histoire récente à montrer que les printemps arabes pouvaient conduire à l’installation ou au renforcement de pouvoir religieux radicaux. Abderrazak Makri, l’actuel président du Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), un parti islamiste, qui se voit déjà en « Erdogan algérien », cherche à fédérer tous les courants islamistes en jouant sur la carte nationaliste…Tout un programme !!

Certes, les algériens ont déjà été échaudés par dix ans « d’années de plomb » avec le Front islamique du Salut (FIS) au pouvoir, mais l’heure est à la vigilance et après cette première victoire le plus dur commence. Les algériens doivent rester maître de leur destin

JP Delahaye