Pourquoi le monde connaît tant de conflits, tant de guerres.

Edito du « Réveil des Combattants » n°805 (juillet 2014)

Nous assistons aujourd’hui au redéploiement de la politique des multinationales et des gouvernements occidentaux.

Les combats qui font rage actuellement en Palestine, en Syrie, en Irak, ont en commun d’être menés sous l’égide des Etats-Unis contre des peuples qui résistent à la volonté US de ce remodelage du « Proche-Orient élargi » et de peser ainsi sur le marché et les richesses énergétiques mondiales.

La France n’est pas absente de ce processus comme le montre la place des sociétés comme Total et AREVA en Afrique.

La côte méditerranéenne de Gaza comme les territoires de Cisjordanie regorgent de gaz et de pétrole.

C’est ce qui justifie l’intervention israélienne sur Gaza, le massacre de centaines de civils, de milliers de blessés. C’est ce qui justifie le silence complice des Etats-Unis, du Prix Nobel de la Paix Obama. C’est ce qui justifie le silence assourdissant des gouvernements occidentaux devant ces centaines de morts civils.

La position du président et du premier ministre français sur l’agression, l’invasion israélienne dans la bande de Gaza est inacceptable.

Il s’agit de mettre la main sur des richesses énergétiques appartenant depuis des millénaires au peuple palestinien. Quitte à tirer contre les populations civiles.

Soutenir le peuple palestinien face à la violence et aux tueries du gouvernement israélien se n’est pas être antisémite, c’est soutenir l’existence d’un peuple, aider à travers des solutions politiques qui garantissent l’existence de deux états.

L’ARAC continuera à dénoncer les causes des conflits parce que comprendre les causes c’est situer les responsabilités des uns et des autres.

Nous exigeons : l’arrêt de cette guerre, le respect des droits du peuple palestinien, l’arrêt des colonisations.

Que le gouvernement français œuvre à une solution politique.

Que l’ONU mette en œuvre les moyens et les sanctions nécessaires face à cette situation.

Comment le peuple israélien peut-il laisser perpétrer de tels massacres, lui qui tout au long de son histoire a connu tant de malheur.

L’ARAC appelle à intensifier l’action pour imposer l’arrêt de ces crimes, les bombardements et exige le retrait des troupes de Tsahal.

L’ARAC appelle ses militants, ses organisations, tous ceux qui sont épris de paix et de justice à faire entendre leur voix. A prendre toutes initiatives nécessaires pour que le droit à vivre du peuple palestinien soit entendu.

Patrick STAAT

Israël/Palestine : Un peuple sous les bombes

Alors que Netanyahou déclenche une offensive terrestre sans précédent depuis des années, les bombardements israéliens sur Gaza ont déjà fait des centaines de morts et des milliers de blessés essentiellement dans la population civile. Femmes, enfants, vieillards palestiniens sont sous le feu de Tsahal en toute impunité.

Les représailles massives décidées par Tel-Aviv, après l’assassinat de trois jeunes israéliens par des extrémistes non identifiés, pour l’instant, ont mis le feu aux poudres. S’en est suivi le kidnapping et le meurtre d’un jeune palestinien par des fanatiques israéliens et toute la région s’est embrasée. Le Hamas riposte à coup de missiles lance-roquette et cible des villes israéliennes.  Le système de défense anti-aérien israélien surnommé « Dôme de fer » financé par Washington depuis 2009, en plus des 3 milliards d’aide militaire annuelle, semble pour l’instant fonctionné et protéger la population israéliennes. Selon France infos et France 2 qui se sont rendus à Tel-Aviv la capitale économique du pays «  la bas, tout ce passe presque normalement (…) les plages  sont toujours remplies de touristes. Ils sont simplement perturbés par le bruit des roquettes interceptées… »

Mettre un terme à la colonisation

Pendant ce temps le gouvernement Netanyahou allié à l’extrême droite fanatique, a convoqué 45 000 réservistes et semble prêt à lancer une offensive de plus grande envergure. En fait il agit comme s’il voulait porter un coup d’arrêt définitif à l’espoir né de la réunification des deux principaux mouvements palestiniens. Objectif :  maintenir sous son joug l’ensemble du territoire, asphyxier les populations  et l’administration palestinienne, discréditer ses dirigeants et poursuivre tranquillement la colonisation par des implantations nouvelles. Car il semble bien que c’est  là le point central de cette nouvelle flambée de violence. Samedi 5 Juillet, l’éditorial du quotidien « Libération » notait : « il reste qu’aujourd’hui, israéliens et palestiniens paient des années de blocage du processus de paix (…) l’Etat hébreu, premier responsable de cet enlisement croit pouvoir poursuivre son refus de tout compromis. Les gouvernements multiplient année après année les implantations de colonie empêchant de fait la création d’un Etat palestinien viable… ». C’est également l’avis de Ury Avnery, figure du camp de la paix en Israël qui dans «  l’ Humanité » du 10 juillet exprimait sa crainte de la montée d’une extrême droite (présente dans le gouvernement NDLR) hostile à tout horizon de paix et estimait qu’il « est évident que le refus obstiné de mettre un terme à la colonisation de la Cisjordanie est en cause… » En attendant les grandes puissances  -qui ont les moyens de pression- se taisent bien que l’ONU s’inquiète d’une violation possible des lois de la guerre. « Nous avons reçu des rapports troublants sur le fait que nombre de victimes y compris les enfants, sont le résultat de frappes sur des maison » a déclaré la porte-parole du Haut-commissariat aux droits de l’Homme des Nations-Unies, Ravina Shamdasani. Selon elle, « ces rapports appellent à des doutes sur le fait que ces frappes sont conformes aux lois humanitaires internationales et aux lois internationales sur les droits humains »

Palme de la honte à François Hollande qui a « condamné fermement les agressions contre Israël », exprimé sa solidarité envers Netanyahou et jugé « qu’il appartient au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population » Pendant ce temps les palestiniens meurent.

Toutes les réunions du Conseil de sécurité de l’ONU n’y feront rien. Il faut contraindre Tel-Aviv. Netanyahou ne connait que la force. Il faut donc que l’ONU, les pays occidentaux si prompts à réagir parfois prennent des sanctions financières et politiques à l’égard de l’état israélien.

Washington soit stopper son aide militaire. Des sanctions financières et d’embargo s’imposent pour faire cessez le massacre.

JP.Delahaye

Gaza, le gaz dans le viseur

Israel-GazPour comprendre quelle est une des raisons de l’attaque israélienne contre Gaza il faut aller en profondeur, exactement à 600 mètres sous le niveau de la mer, à 30 Km au large de ses côtes. Là, dans les eaux territoriales palestiniennes, se trouve un gros gisement de gaz naturel, Gaza Marine, estimé à 30 milliards de mètres cubes d’une valeur de milliards de dollars. D’autres gisements de gaz et pétrole, selon une carte établie par la U.S. Geological Survey(agence gouvernementale étasunienne), se trouvent en terre ferme à Gaza et en Cisjordanie.

En 1999, avec un accord signé par Yasser Arafat, l’Autorité Palestinienne confie l’exploitation de Gaza Marine à un consortium formé de British Group et Consolidated Contractors (compagnie privée palestinienne), avec respectivement 60% et 30% des actions, dans lequel le Fonds d’investissement de l’Autorité Palestinienne a un pourcentage de 10%. Deux puits sont creusés, Gaza Marine-1 et Gaza Marine-2. Mais ils n’entrent jamais en fonction, car bloqués par Israël, qui veut tout le gaz à des prix cassés. Par l’intermédiaire de l’ex Premier ministre Tony Blair, envoyé du «Quartet pour le Moyen Orient», est préparé un accord avec Israël qui enlève aux Palestiniens les trois quarts des futurs revenus du gaz, en versant la part qui leur revient sur un compte international contrôlé par Washington et Londres. Mais, immédiatement après avoir gagné les élections de 2006, le Hamas refuse l’accord, en le qualifiant de vol, et demande sa renégociation. En 2007, l’actuel ministre israélien de la Défense, Moshe Ya’alon indique que «le gaz ne peut pas être extrait sans une opération militaire qui éradique le contrôle du Hamas à Gaza».

En 2008, Israël lance l’opération «Plomb durci» contre Gaza. En septembre 2012 l’Autorité Palestinienne annonce que, malgré l’opposition du Hamas, elle a repris les négociations sur le gaz avec Israël. Deux mois après, l’admission de la Palestine à l’ONU en tant qu’«Etat observateur non membre» renforce la position de l’Autorité palestinienne dans les négociations. Gaza Marine reste cependant bloqué, empêchant les Palestiniens d’exploiter la richesse naturelle dont ils disposent. En ce point l’Autorité palestinienne prend une autre voie. Le 23 janvier 2O14, lors de la rencontre du président palestinien Abbas avec le président russe Poutine, est discutée la possibilité de confier au russe Gazprom l’exploitation du gisement de gaz dans les eaux de Gaza. C’est l’agence Itar-Tass qui l’annonce, en soulignant que Russie et Palestine entendent renforcer la coopération dans le secteur énergétique. Dans ce cadre, en plus de l’exploitation du gisement de gaz, on prévoit celle d’un gisement pétrolifère dans les environs de la ville palestinienne de Ramallah en Cisjordanie. Dans la même zone, la société russe Technopromexport est prête à participer à la construction d’un site thermoélectrique d’une puissance de 200 MW. La formation du nouveau gouvernement palestinien d’unité nationale, le 2 juin 2014, renforce la possibilité que l’accord entre Palestine et Russie parvienne à bon port. Dix jours après, le 12 juin, survient l’enlèvement des trois jeunes Israéliens, qui sont retrouvés tués le 30 juin : le ponctuel casus belli qui amorce l’opération «Barrière protectrice» contre Gaza. Opération qui entre dans la stratégie de Tel Aviv, visant à s’approprier aussi des réserves énergétiques de l’entier Bassin du Levant, réserves palestiniennes, libanaises et syriennes comprises, et dans celle de Washington qui, en soutenant Israël, vise le contrôle de tout le Moyen Orient, en empêchant que la Russie ne réacquière une influence dans la région.

Un mélange explosif, dont les victimes sont une fois de plus les Palestiniens.

Manlio Dinucci

Edition de mardi 15 juillet 2014 de il manifesto